12 – 31 DÉCEMBRE 2023

Texte et mise en scène, Françoise Courvoisier. Direction musicale, composition et arrangements, Narciso Saúl
Avec Marie Wyler, Djamel Bel Ghazi, Felipe Castro, Nelson DuborgelNarciso Saúl (guitare)
Raphael Daniel (clarinette basse et sax) et Lee Maddeford (piano)
Initiation tango, Tania Heer et Murat Yavuz. Scénographie, Clément Schlemmer. Lumière, Rinaldo Del Boca
© Anouk Schneider

Horaires

Mardi, vendredi 20h • Mercredi, jeudi, samedi 19h • Dimanche 17h
Relâche le lundi ainsi que les 24 et 25 décembre
Horaire spécial, 31 décembre : Buffet froid, 19h (CHF 20.-) et spectacle, 21h
Durée : 1h30

SYNOPSIS

– Au tango comme dans la vie, à chaque pas tout est possible !

Un écrivain vient retrouver des émotions passées dans un bistrot où l’on danse, en particulier le tango. C’est ici qu’il a vu pour la première fois Lara, les yeux fermés, blottie contre son cavalier. Cette jeune femme qui lui renversa l’âme n’est autre que la fille du patron, un argentin échoué à Genève. À dix-huit ans, elle a épousé Nessim, un homme d’affaires aisé, qui lui aussi est tombé amoureux d’elle en la voyant danser.

Lara est une femme divisée. Divisée entre deux hommes et déchirée par ses propres désirs, inconciliables. Celui de la stabilité et de la tendresse avec Nessim, son mari, et celui de la passion sensuelle avec l’écrivain, Nathan. Elle les aime tous les deux, et ne peux ni ne veux choisir.

 Production Les Amis – Le Chariot, avec le soutien de la Ville de Carouge, de la Loterie Romande et Action Intermittence – Fonds d’encouragement à l’emploi des intermittent.e.s genevois.es

 

NI TROP VITE, NI TROP LENT,
LE JUSTE TEMPO !

Françoise Courvoisier, juin 2023

Le tango est une langue vivante, qui voyage au-delà des continents et des générations. À Paris au bord de la Seine, à Genève au bord du lac ou dans une salle délabrée de Plainpalais, on danse le tango à tous les âges et entre individus de toutes nationalités.

J’ai découvert ou plutôt été submergée par le tango en 1998, alors que je tenais les rênes du petit Théâtre La Grenade. En effet, un collègue valaisan me parle d’un trio argentin de passage en Suisse, qui ferait bien une escale à Genève, après Sion et Lausanne. Il s’agissait du fameux Trio de Buenos Aires : Siglotreinta, formé du pianiste Osvaldo Belmonte ; du clarinettiste – saxophoniste Nestor Tomassini et du guitariste – compositeur Narciso Saúl. La chose s’organise rapidement, et les voici pour cinq concerts exceptionnels à La Grenade.

Et là, c’est comme une vague qui m’emporte. Qui emporte toutes les personnes présentes. Dans l’ancienne SIP de Plainpalais, à côté du Mamco, les gens font la queue pour découvrir ces phénomènes du tango. Un événement. Cette musique, on la connaissait, mais pas comme ça. Pas avec cette fougue, cette liberté. Les musiciens de chez nous ont tendance à « édulcorer » le tango. Eux le jouent avec tout leur corps, ça vibre, ça explose. C’est à la fois très populaire et très raffiné. Par la suite, chaque année, les musiciens de Siglotreinta firent une escale à La Grenade, escale que nous attendions tous avec impatience. Du temps a coulé depuis. Le groupe s’est hélas séparé, après vingt ans de concerts et de tournées ininterrompues. Osvaldo et Nestor sont établis à Buenos Aires mais par chance, Narciso est venu s’installer par ici, où il a rencontré la musicienne de ses rêves.

J’ai réalisé depuis plusieurs spectacles musicaux avec Narciso Saúl, dont Le Blues de la bourgeoise et Misogynie à part (chansons de Georges Brassens). C’est un artiste dont l’humilité est égale à son talent. Il me tardait de le retrouver pour un projet original, où il aurait l’occasion de composer de nouveaux morceaux. Tiempo justo (titre de l’une de ses compositions) se trouve sur plusieurs albums, interprété par différents instrumentistes. Je ne m’en lasse pas.

Tiempo justo, en musique, cela veut dire : ni trop vite, ni trop lent : le juste tempo !
Dans la vie, c’est « le bon moment », celui où une chose doit s’accomplir. Cela peut exprimer cette sensation que nous avons parfois : « voilà, le moment est juste. L’instant est parfait. » Titre idéal pour cette nouvelle création, qui germe en moi depuis un certain temps.

 

LA PRESSE 

FRANÇOISE COURVOISIER, VERTIGO

PHILIPPE CADERT, LA 1ère RTS, 14 décembre 2023

 

MARIE WYLER, LES YEUX DANS LES YEUX

PASCAL DECAILLET, LÉMAN BLEU, 8 décembre 2023

Lien

 

TIEMPO JUSTO

Scènes magazine, décembre 2023

Tous les sept ans environ, la comédienne, metteure en scène et directrice du petit théâtre de Carouge se lance dans une écriture personnelle, somme d’instants volés pris sur le temps consacré à la direction d’un théâtre.

Cette fois-ci elle était portée par le désir d’écrire une histoire d’amour et de travailler avec le guitariste et compositeur Narciso Saùl qu’elle connaît depuis les années où elle dirigeait le théâtre de la Grenade. La rencontre entre le Trio de Buenos Aires et la comédienne avait été une découverte et un choc. Cinq concerts exceptionnels avaient alors été organisés au pied levé et avaient remporté un succès foudroyant, faisant découvrir au public genevois un tango à la fois populaire et raffiné. Le Trio s’est séparé plus tard et Narciso Saùl s’est établi à Genève. S’en est suivie une collaboration théâtralo-musicale entre le guitariste et la metteure en scène (Le Blues de la bourgeoise, Misogynie à part).

Tiempo Justo est une création de Françoise Courvoisier sur la musique composée pour la circonstance par le guitariste. La polysémie du titre – le bon moment et le juste tempo – fait allusion à la nécessité de savoir prendre des décisions en temps voulu et au rythme du tango. C’est également le titre d’une des compositions de Narciso Saùl. Le tango est à l’origine une marche dansante, tanguante, un équilibre à trouver.

Cette fois, pas de bandoneon comme on pourrait s’y attendre mais une clarinette basse et un sax (Raphaël Daniel) pour accompagner la guitare et le piano de Lee Maddeford, bien connu du public romand et qui a accompagné Yvette Théraulaz.

L’intrigue ?
Une histoire d’amour triangulaire : une jeune femme divisée, écartelée entre trois hommes – quatre si l’on inclut Narciso, le père guitariste – déchirée par ses propres désirs, et qui revient sans cesse dans le bistro où son père joue du tango. Très jeune, Lara a épousé Nessim qui lui apporte stabilité et tendresse. Mais elle brûle d’une passion sensuelle pour l’écrivain Nathan et flirte avec Nelson, le jeune serveur qui fait souffler sur elle un vent de liberté et de jeunesse. À la fois femme-enfant et femme fatale, absolue et sincère, Lara veut tout, mais ce tout est inconciliable…

Les belles histoire d’amour sont un peu tristes, selon Françoise Courvoisier et celle-ci ne déroge pas à la règle. Elle est déchirante, tous les personnages souffrent mais leur souffrance est lumineuse.

Le comédien et chanteur Felipe Castro, lié à Françoise Courvoisier par une longue collaboration de créations sera Nathan, l’écrivain qui exerce une attirance aussi violente que sensuelle sur la jeune Lara.
Djamel Bel Ghazi, venu sur le tard au théâtre, interprète Nessim, l’homme mur et protecteur avec autorité et élégance et Nelson Duborgel, vu dans Un Fil à la patte mis en scène par Julien George joue le jeune serveur fou amoureux de Lara comme tous les autres.
Lara enfin, est interprétée par Marie Wyler, une jeune comédienne genevoise talentueuse vue récemment dans Contractions mis en scène par Elidon Arzoni.

Françoise Courvoisier a voulu créer une atmosphère fusionnelle et fluide : les trois musiciens sont des personnages à part entière et les trois principaux comédiens dansent. Il peut en résulter des maladresses de part et d’autre, ce que revendique Françoise Courvoisier car elle cherche à suggérer le désir, qui passe par le toucher et les corps à corps. À cette fin, elle a fait appel à la chorégraphe Tania Herr qui a initié  les comédiens au tango dans le foyer même du théâtre, en partie recouvert d’un parquet et transformé en salle de bal.

Un beau spectacle de fin d’année à ne pas manquer, à l’atmosphère dépaysante et au propos universel.
Laurence Tièche-Chavier