1er – 5 NOVEMBRE 2023

Texte & musique, Erik Satie. Avec François Marthouret et Christiane Gugger (piano)
© Roger Viollet

Horaires
Mercredi, jeudi, samedi 19h • Vendredi 20h • Dimanche 17h

SYNOPSIS

– Non pas que je haïsse le monde. Non, j’aime ce monde. Le grand monde… Même le demi-monde, étant moi-même une sorte de demi-mondain !

Compositeur et pianiste inclassable, Erik Satie (1866-1925) est l’un des compositeurs les plus écoutés au monde, et le précurseur de plusieurs mouvements, dont la musique répétitive et minimaliste. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il avait la plume poétique et qu’il était l’ami de Mallarmé, Verlaine et Cocteau.
Une lecture – spectacle, qui mêle ses mots à ses compositions, et rend hommage à son œuvre atypique.

Officier de l’ordre des Arts et des Lettres, François Marthouret est un comédien français à la présence et au charme irrésistible. Au théâtre comme au cinéma, il travaille avec les plus grands metteurs en scène. Quant à Christiane Gugger, pianiste valaisanne de tempérament, elle excelle dans les fameuses Gymnopédies d’Erik Satie.

 

LA PRESSE 

DÉCOUVRIR SATIE PAR LES MOTS, AUSSI
La Pépinière, 5 novembre 2023

Les Amis musiquethéâtre porte parfaitement son nom en ce moment : du 1er au 5 novembre, il accueille François Marthouret et Christiane Gugger pour Satie, un spectacle où musique et mots se mêlent pour narrer la vie et l’œuvre de ce musicien si marquant.

Erik Satie (1866-1925) est avant tout connu pour sa musique. Véritable précurseur en la matière, notamment sur la musique minimaliste et répétitive, il est parmi les compositeurs les plus écoutés. Avec ses Gymnopédies et autres Gnossiennes, il a marqué son époque. Ce qu’on connaît moins de lui, en revanche, c’est sa plume, poétique et pleine de verve. Ce spectacle sobrement éponyme permet de découvrir les deux pendants de son œuvre, subtilement entremêlés.

Quand la plume…
Difficile de classe les écrits de Satie dans un genre précis, tant son style varie et paraît unique. Plusieurs textes sont ainsi convoqués dans la pièce, à commencer par une forme d’autobiographie aux allures d’essai… ou sont-ce plutôt des mémoires ? Quoiqu’il en soit, il s’y présente humblement, sans trop parler de son enfance dont il ne se souvient plus vraiment. Il partage avec nous sa vision du monde, son rapport à la France – qu’il aime mais a été obligé de détester, comme tout le monde – mais aussi ses pensées sur la guerre ou la nourriture, son quotidien particulièrement rythmé et précis… On dit souvent de lui qu’il n’aime pas le monde, pourtant voici ce qu’il en dit :

« – Non pas que je haïsse le monde. Non, j’aime ce monde. Le grand monde… Même le demi-monde, étant moi-même une sorte de demi-mondain ! »
À travers cet écrit et ceux qu’il adresse à d’autres artistes, comme Debussy, et qui sont cités dans Satie, on retrouve cette capacité à jouer avec les mots de la langue, avec une forme d’humour particulièrement fine. On évoquera son allusion aux talents d’architecte du lapin et à ses terriers, « comme le fox du même nom ». Ces mots, François Marthouret les prend en charge en les lisant, assis à sa table ou adossé au piano. Sa présence et sa voix nous donnent envie de l’écouter, des heures durant, comme un conteur qui narrerait pour nous de de fabuleuses histoires. Celle de Satie, dans le cas présent.

… se met au service de la musique
Car Erik Satie est un véritable raconteur d’histoires. Ses compositions, brillamment interprétées par Christiane Gugger, émaillent l’entièreté du spectacle, de l’introduction aux interludes mélodiques… Mais la musique raconte parfois mieux que les mots ! Pour nous le faire comprendre, François Marthouret accompagne toute une série de pièces courtes de Satie avec les textes que ce dernier y a rapporté. Voilà qu’il nous narre ces brèves mélodies sur la chasse, le tennis, la pêche et toutes sortes de thématiques du quotidien. Car Satie est un être à part : non content de composer sa musique, il semble la vivre, comme si elle rythmait son quotidien, cherchant la musicalité de toutes choses. Pour preuve cette anecdote sur les hydrographes qui ont découvert que toute chute d’eau, peu importe son importance et son débit, joue un fa parfait. Légende ou réalité ? Qu’importe : cela en dit long sur l’homme et son rapport au monde qui l’entoure. Ses réflexions sur les animaux qui, s’ils n’ont pas d’artistes peintres ou sculpteurs – encore que –, sont les rois du chant pour certains, montrent à quel point son oreille était attentive au moindre détail. Et c’est à travers sa musique qu’il nous le prouve, pressant notre imaginaire de visualiser ce qui nous est narré.
Dès lors, le seul reproche qu’on aurait à faire à Satie est sa durée : les 50 minutes nous semblent bien trop courtes, et l’on aurait souhaité que cela ne s’arrête jamais…
Fabien Imhof

 

SATIE
Scènes Magazine, novembre 2023

Une lecture – spectacle, qui mêle les mots de Satie à ses compositions, et rend hommage à son œuvre atypique. Interview de François Marthouret.

Quels sont les auteurs de théâtre qu’au cours de votre carrière vous avez spécialement aimé jouer ?François Marthouret. J’ai eu beaucoup de chance d’interpréter des auteurs, beaucoup d’auteurs, dans des aventures théâtrales toujours passionnantes. La liste de ces auteurs est phénoménale: Shakespeare, Tchekhov, Duras, Pinter, Pessoa, Molière, Strindberg, Miller, Grumberg, Le Clézio, Tourgueniev, Brecht…
Cette chance-là, de parcourir tous ces univers – et évidemment celle d’avoir travaillé avec Peter Brook – m’a rendu très proche, sinon très familier, et en tout cas très inspiré par Shakespeare, que j’ai joué beaucoup de fois. Et puis Pessoa et Strindberg, et les autres…

Avec quels metteurs en scène aimeriez-vous travailler ou retravailler ? Et pourquoi ?
Beaucoup de mes metteurs en scène favoris sont morts hélas, mais j’aimerais effectivement pouvoir travailler avec ceux avec lesquels je ne l’ai pas encore fait, comme Alain Françon, Joël Pommerat, Alexander Zeldin, Peter Stein, Stéphane Braunschweig. Pourquoi ? Parce que j’ai l’impression que ce sont des gens attentifs à une certaine élaboration théâtrale, à la fois dirigée et collective, et qu’ils savent mettre en scène avec talent des oeuvres de manière passionnante.

Faire des lectures vous permet-il d’aller à la rencontre d’un public différent, ou cela reste-t-il pour vous du théâtre : un texte que l’on joue, mais que l’on incarne autrement ?
Faire des lectures… Effectivement les lectures sont des exercices très simples qui donnent une sorte de liberté formidable à l’auditoire. Donc cet exercice, évidemment, je l’aime beaucoup. Il permet de donner, avec mes moyens, de la vie à un texte et de le partager librement. Il permet aussi de donner de la vie à des textes souvent destinés à la solitude du lecteur, de la lectrice.
Souvent aussi ça me donne de l’imagination, d’incarner un texte à la première personne, comme si j’étais moi-même l’écrivain. Cela apporte une pensée, des émotions, des images qui semblent s’inventer, se raconter, et encore une fois se partagent avec le public.
C’est un plaisir pour moi, en-dehors de celui de découvrir et faire découvrir de nombreux écrivains. Ecrivains dont certains sont devenus des amis.
Propos recueils par Rosine Schautz

Extrait
L’artiste n’a pas le droit de disposer inutilement du temps de son auditoire. L’artiste est certainement respectable, mais l’auditeur l’est encore plus. Le public vénère l’ennui. Pour lui, l’ennui est mystérieux, et profond. Chose curieuse, contre l’ennui l’auditeur est sans défense.
L’ennui le dompte…

Bio François Marthouret: comédien, metteur en scène et réalisateur
Scènes Magazine, novembre 2023

Né en 1943 à Paris, il se forme au théâtre à l’école d’art dramatique du TNP et au cours Charles Dullin. Il devient l’assistant de Raymond Rouleau à Paris, puis d’Alain Rais à Martigues jusqu’en 1966. En 1970 il rejoint Peter Brook et le Centre International de Recherches Théâtrales, installé au Théâtre des Bouffes du Nord. Brook le mettra en scène dans Timon d’Athènes, Ubu, et Mesure pour Mesure.
Il travaillera sous la direction d’Antoine Vitez – Le Précepteur (Lenz), et La Mouette (Tchekhov) – et sous celles de Stuart Seide à Chaillot dans un Shakespeare, Georges Lavaudant (Brecht), Bernard Murat (Tourgueniev notamment), Robert Hossein (Sartre).

Au cinéma il tient son premier rôle dans L’Aveu de Costa-Gavras (il joue un policier) et poursuit sa carrière cinématographique avec Alain Tanner, Michel Deville, Jean Becker, François Ozon.
Comédien éclectique, François Marthouret joue également dans de nombreux téléfilms: Julie Lescaut, Navarro, Les Cordier, Juge et flic, La bicyclette bleue. Il en a réalisé lui-même trois : Mémoires en fuite (qui a obtenu en 2000 le prix du meilleur film au Festival de la fiction TV de Saint-Tropez), et Le Grand Georges.

François Marthouret est également le metteur en scène de Des jours et des nuits de Harold Pinter (1982), Hamlet de William Shakespeare (1985), Le Livre des fuites de Jean-Marie Le Clezio (1992), Gertrud de Hjalmar Soderberg (1996) et Père d’August Strindberg.
Enfin, il a aussi doublé de nombreux acteurs, dont John Malkovich et John Hurt.
Depuis quelques années, il se consacre à la lecture de textes : Dubillard, Topor, Ribes, Bataille, et… Satie.