20 AVRIL – 25 AVRIL 2021

De Marie Beer

Avec Viviana AlibertiIsabela De Moraes Evangelista et Christian Gregori
Texte et mise en scène Marie Beer 
Lumière Rinaldo Del Boca. Photo Daniel Calderon

Horaires
Mardi 20h • Mercredi, jeudi, samedi 19h • Vendredi 20h30 • Dimanche 17h
Relâche lundi

SYNOPSIS

Mauvais karma pour le Docteur Wilson : son épouse, Monique, est dépressive et sa jeune patiente, Sagama, a disparu ! Déstabilisé par la personnalité fascinante de l’adolescente rebelle, il tente de maintenir une posture analytique mais révèle peu à peu ses propres failles. C’est avec beaucoup de finesse et d’humour que Marie Beer dresse le portrait de ce psychiatre aux pratiques peu déontologiques…

Marie Beer est l’auteure de sept ouvrages, dont Sagama, qui sortira aux Éditions Encre Fraîche ce printemps. Elle réalise sa première mise en scène, Les Survivants, en 2017 à La Parfumerie.

Coproduction Les Amis – Le Chariot / Cie Le Canard qui danse, avec le soutien de la Loterie Romande, de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, de la Fondation Ernst Göhner ainsi que le Pour-cent culturel Migros.

 

LE COURRIER

LES DESSOUS D’UNE THÉRAPIE DESTRUCTRICE, Judith Marchal, 21 avril 2021

Marie Beer adapte son roman avec Sagama, portrait à la fois drôle et angoissant d’un psychiatre.

Un divan de psychanalyse d’un côté, le canapé gris d’un salon luxueux de l’autre. Le décor évoque d’entrée la série à succès En thérapie. Il faut dire que le sujet en est proche. Deux espaces dis­tincts pour illustrer le double aspect de la vie de Frédéric, psychiatre de métier et mari absent. L’homme, dont l’existence oscille entre sa femme Monique et sa jeune patiente Sagama, partage des fragments de son quotidien saupoudrés de ses réflexions analytiques.

Monique, c’est le cliché de la vie bourgeoise patriarcale. Interprétée par Viviana Aliberti de manière touchante, cette cinquantenaire obnubilée par le yoga et les croisières souffre de l’inattention de son mari, trop occupé pour remarquer ses boucles d’oreille. Un style de vie que ce dernier analyse avec mépris et cynis­me, mais dans lequel il souhaite pourtant maintenir son épouse dépressive afin de garder le confort de sa liberté. Car le seul intérêt du psychiatre, c’est sa carrière. Ou plutôt Sagama, jeune femme pleine de blessures intérieures qui lui téléphone des dizaines de fois par jour en lui hurlant des insultes ou en l’appelant à l’aide.

Limites de notre perception
Après Les Survivants en 2017, l’autrice Marie Beer signe pour la seconde fois l’adaptation d’un de ses romans au théâtre. Accueilli par Les Amis musique­théâtre, le spectacle fait rire autant qu’il inquiète. La confiance accordée de prime abord à ce personnage cyniquement comique à l’expression orale impeccable s’effrite au fil de ses séances avec Sagama et laisse place à une atmosphère pesante. Ce duo psychiatre-patiente brillamment tenu par Christian Gregori et Isabela De Moraes Evangelista reflète bien les limites de notre perception d’une réalité selon qui la raconte. Le public se retrouve face à de nombreux concepts de psy­cha­nalyse intelligiblement exposés comme le transfert, le déni, ou le syndrome de Stockholm.

S’inscrivant parfaitement dans l’actualité avec la récente parution du roman de Camille Kouchner et du scandale qui en a suivi, Sagama parle de viol et d’inceste. Des abus physiques et psychologiques illustrés par de rares scènes franchement désagréables, mais essentielles peut-être pour prendre conscience du tourbillon infernal infligé aux victimes. Le suivi d’une thérapie qui ne laisse pas de marbre à sa sortie, donnant à réfléchir sur les signes et l’impact de la manipulation psychologique.