1er MARS – 30 MARS 2022

Six monologues

Avec Nathalie Boulin, Didier Carrier, Juan CrespilloLéa Déchamboux, Anne Durand et Claude Vuillemin
Collaboration artistique Gilles Lambert et Lora Mure-Ravaud (vidéo)
Lumière Rinaldo Del Boca. Son Nicolas Le Roy. © Anouk Schneider

 

Calendrier des représentations

1er > 9 mars
Tous les soirs à 19h. Sauf dimanche, 17h
CLAUDE VUILLEMIN, Ma vie et moi de Henry Miller
Tous les soirs à 21h. Sauf dimanche, 19h
NATHALIE BOULIN, Portrait de l’artiste en déshabillé de soie de Brigitte Fontaine

11 > 19 mars
Tous les soirs à 19h. Sauf dimanche, 17h
ANNE DURAND, Jean-Jacques Rousseau de Bernard Chartreux & Jean Jourdheuil
Tous les soirs à 21h. Sauf dimanche, 19h
DIDIER CARRIER, Rapport aux bêtes de Noëlle Revaz

21 > 30 mars
Tous les soirs à 19h. Sauf dimanche, 17h
JUAN CRESPILLO, Le Rabaissement de Philippe Roth
Tous les soirs à 21h. Sauf dimanche, 19h
LÉA DÉCHAMBOUX, Chroniques d’outre-scène de Jeanne Perrin

 

SYNOPSIS

Le projet Rêves d’acteur(e)s se revendique comme une fenêtre de liberté pour les comédiens touchés par la crise sanitaire. Une occasion de se fabriquer un spectacle sur mesure; en bref, le solo dont ils rêvent… Habituellement dépendants du désir des autres (metteurs en scène, producteurs…), les comédiens tiendront ici eux- mêmes les rênes de leur spectacle.

Production Les Amis – Le Chariot, avec le soutien de l’Office fédéral de la culture et de la République et canton de Genève

 

LA PRESSE

LA PÉPINIÈR

DANS LES RÊVES DE JUAN CRESPILLO ET LÉA DÉCHAMBOUX, Fabien Imhof, 24 mars 2022

Dans son projet Rêves d’acteur(s), le théâtre des Amis donne la parole à six comédien·ne·s à travers autant de monologues. Iels nous emmènent dans l’univers qui les touche, qui les porte, pour un moment de poésie empreint d’humour, à voir encore jusqu’au 30 mars.

Juan Crespillo et le désenchantement d’un acteur
Premier à entrer en scène, Juan Crespillo donne vie au Rabaissement de Philip Roth. Il y incarne un acteur déprimé, dont les derniers rôles se sont soldés par autant d’échecs. Il a perdu l’envie de jouer et a le sentiment de ne plus savoir le faire… Pourtant, il retrouve la fougue en entamant une relation amoureuse avec la fille d’un couple d’amis, de 25 ans sa cadette.

Le comédien nous propose une plongée dans l’intimité de ce métier. Assis sur une chaise, il se raconte comme dans une thérapie, se livrant sur ses dernières expériences. Puis, après une transition accompagnée d’un piano jazz, il raconte les moments avec cette femme. Des bribes de dialogues se font alors entendre, avec la participation de Lora Mure-Ravaud qui donne la réplique à Juan Crespillo. Durant ces moments, elle le filme et les images sont projetées en noir et blanc sur l’écran blanc en fond de scène. L’effet cinéma est total, et l’on voit, sous nos yeux, l’acteur dont il est question se réinventer, après ses échecs sur les planches. C’est aussi une manière de créer une certaine proximité, de voir les traits de son visage avec précision, sans distance. Une véritable plongée dans l’intimité de ses émotions. On apprécie.

Dans les coulisses avec Léa Déchamboux
La seconde comédienne du soir incarne une caissière du Théâtre de Vidy, à l’époque de René Gonzalez, directeur de 1990 à 2012. Dans Les Chroniques d’outre-scène de Jeanne Perrin, elle raconte son quotidien avec des clients qui ne comprennent rien au téléphone, ses rêves d’actrice, l’ambiance si particulière de l’envers du décor…

Sur la scène, l’écran blanc a disparu : place à la reconstitution d’une salle de théâtre. Des fauteuils rouges, un rideau au fond symbolisant l’espace scénique de ce théâtre fictif. Et Léa Déchamboux qui débarque, entonnant le célèbre Dans mon jardin d’hiver d’Henri Salvador. Pas de doute, le rêve est bien là. On découvre le joli brin de voix de la comédienne, qu’on avait déjà entraperçu dans Chez Michou la saison dernière. Dans son rôle de caissière de théâtre, elle nous montre les deux côtés de ce lieu si particulier : la vision différente qu’on a de la scène ou de la salle. Dans un solo mêlant humour – elle fait hurler de rire le public dans ce dialogue de sourd au téléphone avec un client qui ne comprend pas que le spectacle est complet – et poésie, à travers des extraits de Roméo et Juliette, ou en lisant un texte en l’honneur de René Gonzalez. C’est un joli hommage qu’elle lui rend là, mais pas que… Car ce sont aussi les théâtres qui sont évoqués, ces lieux de vie qui nous ont tant manqué, ces lieux de partage avant tout, pour les comédien·ne·s qui y retrouvent la flamme. Le public en brûlait d’envie !. Des lieux où tous les rêves sont possibles.

 

LE TEMPS

A CAROUGE, HENRY MILLER ET BRIGITTE FONTAINE RÉUNIS SUR UNE MÊME SCÈNE, Marie-Pierre Genecand, 7 mars 2022

Aux Amis, Françoise Courvoisier invite six comédiens à jouer leur monologue préféré. Entre tête et tripes, Claude Vuillemin et Nathalie Boulin ouvrent le bal.

Ma seconde est volcanique. Dans Portrait de l’artiste en déshabillé de soie, paru en 2012, Brigitte Fontaine balaie les larges horizons de ses sensations. La salve est poétique, chaotique, et, de l’hiver à l’été, célèbre la force d’exister. Mêlant parole et chansons, Nathalie Boulin éclaire la face bancale de la star fêlée. (…)

ANNE DURAND ET JUAN CRESPILLO
Dès le 11 mars, la très fine Anne Durand, fan des Lumières, dira Jean-Jacques Rousseau, de Bernard Chartreux et Jean Jourdheuil, tandis que, la même soirée, Didier Carrier incarnera le paysan mal dégrossi du puissant Rapport aux bêtes, de Noëlle Revaz.
Dès le 21 mars, Juan Crespillo entrera dans la peau de l’acteur déprimé du formidable Rabaissement, signé Philip Roth, et, plus tard, Léa Dechamboux dira tout des coulisses du Théâtre de Vidy, époque René Gonzalez, à travers Chroniques d’outre-scène, de Jeanne Perrin. Chaque fois, un univers, une épopée, développés sous le regard attentif de Gilles Lambert, scénographe et œil extérieur du projet.

MILLER, HENRY N’EST PAS ARTHUR
Retour au tandem Miller/Fontaine à voir jusqu’à ce mercredi 9 mars. Déjà, petite précision, puisqu’il y eut débat entre les deux représentations, samedi, c’est Arthur Miller, le dramaturge, et non Henry, l’écrivain qui a épousé Marylin Monroe. Henry Miller, lui, a aimé Anaïs Nin, beaucoup, et leur histoire ne fut pas moins mouvementée que celle du duo baptisé «La beauté et le cerveau».

Sur la scène des Amis, pas d’Anaïs Nin, ni de récit de séjour parisien durant lequel l’écrivain a eu faim. Claude Vuillemin n’a conservé que ses réflexions. Son besoin de calme (la journée idéale est la journée où il n’y a rien), la fonction de l’auteur, un être qui se débat sans cesse entre la comédie qui emplit sa tête et la tragédie qui emplit son cœur. Le dérisoire des tâches du quotidien alors que l’homme a besoin de voir plus grand, plus loin. Ou encore le pouvoir de l’interprétation, «le mot le plus fort que je connaisse», confie Miller. Dans une belle lumière filtrée par des persiennes, Claude Vuillemin chausse les lunettes rondes de l’écrivain et égraine ses analyses, posément, sans aucun changement de rythme, ni de ton. Ce parti pris monacal peut dérouter. Il a le mérite de laisser toute la place au texte et à sa limpidité.

VERTIGES DE STAR
Changement d’ambiance avec Portrait de l’artiste en déshabillé de soie, mais pas tant que ça. Car si Nathalie Boulin, pieds nus avant de monter sur des talons, restitue la part bancale de Brigitte Fontaine qui confie «Je scintille, je rue, je m’éteins, je suis malade», elle exprime moins le côté solaire et sensuel de celle qui écrit aussi: «J’aime les parfums forts, les lourdeurs, les puanteurs et les vibrations bouillantes.» (…)

 

LE COURRIER

SIX SOLOS SUR MESURE, Judith Marchal, 8 mars 2022

Au Théâtre des Amis, le monologue est à l’honneur tout le mois de mars.

Dans le cadre de son projet Rêves d’acteur(e)s, le Théâtre des Amis, à Carouge, met son plateau à disposition de comédien·nes touché·es par la crise. Durant un mois, six monologues se succèdent à raison de deux par soir. Claude Vuillemin et Nathalie Boulin se partagent l’affiche jusqu’à demain. Le comédien interprète Ma vie et moi de l’écrivain américain Henry Miller. Dans ce texte, l’auteur de 80 ans revient sur sa vie et partage ses réflexions sur l’art et l’écriture.

La comédienne, quant à elle, s’attaque au Portrait de l’artiste en déshabillé de soie écrit par la chanteuse française Brigitte Fontaine. Avec une gestuelle impeccable, Nathalie Boulin alterne chant et narration pour cette introspection à la fois piquante et désordonnée.

Anne Durand prend le relai dès vendredi avec un monologue consacré aux pensées de Rousseau, suivie le même soir par Didier Carrier qui s’approprie le roman Rapport aux bêtes de Noëlle Revaz. La dernière partie de cette série de monologues mettra à l’honneur le monde du théâtre, du 21 au 30 mars. Juan Crespillo se glissera dans la peau d’un comédien déchu avec Le Rabaissement, tandis que Léa Déchamboux se fera la voix d’une caissière de théâtre racontant ses multiples anecdotes dans Chroniques d’outre-scène.