13 NOVEMBRE – 17 NOVEMBRE 2019

Chansons de Brassens

Avec Roland Vouilloz, Philippe Mathey, François Nadin (voix) et Narciso Saúl (voix & guitare)
Conception & mise en scène Françoise Courvoisier. Lumière Rinaldo Del Boca. Photos Anouk Schneider

SYNOPSIS

Les chansons de Brassens sont des pépites d’or. Ses textes comme ses mélodies demeurent un bonheur d’intelligence et de simplicité. Il chante ce que l’on n’ose pas dire avec des mots toujours justes. Il célèbre l’insoumission et la liberté de pensée, la beauté des femmes (avec parfois une certaine paillardise) et dénonce avec un malin plaisir l’hypocrisie, l’injustice, la lâcheté…

Les quatre interprètes, Roland Vouilloz, Philippe Matthey, François Nadin et Narciso Saúl, merveilleusement complémentaires, font passer les mots du poète avec une vérité confondante.

Ce spectacle musical a été créé aux Amis musiquethéâtre en décembre 2018. Il sera également joué cet automne au Théâtre de Valère à Sion (18, 19 septembre) puis au Théâtre Benno Besson à Yverdon-les-Bains (1er octobre).

Production : Les Amis – Le Chariot

 

HORAIRES

Mercredi, jeudi, samedi 19h • Vendredi 21h • Dimanche 17h

Relâche lundi & mardi

LA GRÂCE DE GEORGES BRASSENS

Si la simplicité de Georges Brassens en a fait l’un des artistes les plus aimés du patrimoine culturel français, que ses textes sont aujourd’hui étudiés dans les écoles et que de nombreux interprètes reprennent ses chansons, il a attendu dix ans avant qu’un cabaret parisien lui ouvre ses portes, lui donnant l’opportunité de réaliser ses premiers succès.

Il émane de l’ensemble de ses chansons une cohérence assez extraordinaire. Son œuvre est étroitement liée à sa vie, qu’il mène obstinément en dehors des sentiers battus. Ses premiers enregistrements « La mauvaise réputation » et « Le Gorille » sont interdits de vente et les prêtres dans les églises, au début des années cinquante, déconseillent à leurs paroissiens les chansons de Brassens, considérées comme « diaboliques ».

Fidèle à ses idées mais aussi à ses amis, lorsqu’il devient célèbre, Georges Brassens ne tourne pas le dos à ses compagnons de vaches maigres, au contraire. Il restera chez Jeanne et Marcel Planche, qui l’ont hébergé avec tendresse et générosité depuis 1939 lors de son arrivée à Paris alors qu’il n’a que vingt ans et pas un sou en poche. C’est cette vie-là qu’il a choisie, une vie simple, loin des flonflons du show-biz. D’ailleurs il leur dédie deux de ses plus beaux titres : « L’Auvergnat » et « La Jeanne ».

Chez Jeanne, la Jeanne
On est n’importe qui, on vient n’importe quand
Et, comme par miracle, par enchantement
On fait partie de la famille
Dans son cœur, en se poussant un peu
Reste encore une petite place

La Jeanne, la Jeanne
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie
Mais le peu qu’on y trouve assouvit pour la vie…

Quelques vers dont la beauté se passe facilement de commentaire.

 

LA PRESSE

LES AMIS RENDENT SA NIAQUE À BRASSENS
Katia Berger, La Tribune de Genève du 30 novembre 2018

Rien qu’en le fredonnant, trois comédiens en verve mettent le copain d’abord. 

Qu’on se rende à l’évidence: l’époque boude Georges Brassens. On juge ses ritournelles pauvres sur le plan musical. Ses textes, surtout depuis le mouvement #MeToo, heurtent les féministes. On lui préfère les refrains graveleux de Gainsbourg ou les doucereux d’Yves Duteil. Bref, il y a une certaine audace à entreprendre en 2018 sa réhabilitation. Ce culot, méritoire, revient à Françoise Courvoisier, une artiste connue chez nous pour n’avoir pas froid aux yeux.

Au Théâtre des Amis qu’elle a repris en début d’année, elle appose sans ambages sa signature visuelle à «Misogynie à part». Nappe Vichy, baguette, pinard et canapé de cuir rouge, la metteure en scène trimballe son style de la vieille ville à Carouge. Sa caution féminine, reconnaissable notamment à cette convivialité sans façon, devrait préserver le tour de chant qu’elle offre en cadeau de fin d’année du blâme pour phallocratie.

Son savoir-faire, lui, va plus loin que cela. Il se déclare d’abord dans le choix des morceaux retenus pour le spectacle, qui se détourne des plus populaires «Amoureux des bancs publics», «Brave Margot» ou «Parapluie», pour mettre en relief, précisément, les moins politiquement corrects «Je me suis fait tout petit», «La complainte des filles de joie» ou «Fernande».
Plus encore, l’intuition de la créative lui désigne les interprètes rêvés pour sortir le barde de la léthargie où il sommeille – et réactiver ses multiples jaillissements.

Diversement pourvus en pilosité faciale, Roland Vouilloz, Philippe Mathey et François Nadin, accompagnés du guitariste argentin Narciso Saùl, reflètent chacun une facette de la virilité brassensienne. Le premier, syllabes syncopées et regards entendus, fait saillir le poète: «un baiser pour de bon, un baiser libertin, un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin», détache-t-il. Le deuxième, désabusé, goguenard, esquisse le séducteur, jamais avare de provocations: «95 fois sur cent, la femme s’emmerde en baisant», gouaille-t-il avec le renfort du public. Le troisième, lui, met sa mélodieuse émotion, aux accents parfois poignants, au service du romantique: «on pleure les lèvres absentes de toutes ces belles passantes».

Avec leur instrumentiste, mais sans l’apport du moindre commentaire ni de la moindre trame narrative, ils font chatoyer la tête, la sève et le cœur du chansonnier – jusqu’aux acmés successives atteintes par «Jeanne», «La prière» ou «Les amours d’antan». Ils dessinent tant la complexité que la profondeur du rapport aux femmes de l’immortel gorille. Sous les applaudissements continus du public, ils lui administrent une belle dose d’aphrodisiaque!