10 DÉCEMBRE – 31 DÉCEMBRE 2021

Spectacle musical

Avec Bastien Blanchard, Vanesa Dacuña Rodríguez, Léa Déchamboux, Bérangère Mastrangelo,
Antony Mettler, Jef Saintmartin, Christine Vouilloz et Lee Maddeford
(piano)
Dialogues et mise en scène Françoise Courvoisier. Assistanat Léa Déchamboux
Lumière Rinaldo Del Boca. Son Nicolas Le Roy. Maquillage Arnaud Buchs. Photos Daniel Calderon

 

Horaires
Mardi 20h • Mercredi, jeudi, samedi 19h • Vendredi 20h30 • Dimanche 17h
Relâche lundi
••• vendredi 31 décembre•••
repas de réveillon, 19h (CHF 50) sur réservation

SYNOPSIS

Trois paumés en quête de sens décident de prendre en main leur destin et de réaliser leur rêve: chanter et danser, imiter les plus grandes stars, celles qu’ils adorent depuis toujours. Pour ne citer qu’elles: Françoise Hardy, Dalida, France Gall, Mireille Mathieu, Sylvie Vartan…

Une comédie musicale “maison”, qui réunit une dizaine d’artistes de toutes les générations, aux talents multiples et complémentaires. Créé le 30 septembre 2020, le spectacle a rencontré un succès retentissant.

Chez Michou est un clin d’oeil affectueux à une personnalité attachante du show-biz parisien, décédée en 2020. L’histoire et les personnages sont, quant à eux, totalement fictifs.

Production Les Amis – Le Chariot, spectacle créé en 2020 avec le soutien de la Loterie Romande

 

LA PRESSE

LES YEUX DANS LES YEUX

Pascal Décaillet, Léman Bleu du 29 septembre 2020

LA PÉPINIÈRE

AU CREUX DU SOUVENIR, Jacques Sallin, 20 décembre 2021

Sous un éventail bleu, tel le Prince de Montmartre – Chez Michou, un spectacle en reprise au Théâtre Les Amis musiquEThéâtre du 10 au 31 décembre 2021.

Pour raconter une histoire, il en faut parfois débuter par une autre. Et quand on rend hommage à Michou et à son cabaret, l’histoire première se doit d’être courte. Que dire quand beaucoup a été dit, que raconter quand presque tout a été raconté. Trois mots, trois phrases, juste ce qu’il faut pour placer un décor narratif dans un décor évocateur d’un style, et peut-être d’une époque. Car, quand un homme comme Michou se retire, c’est bien la fin de quelque chose. C’est avec cette délicatesse que cette version de Chez Michou débute au Théâtre Les Amis à Carouge.

Bien loin de l’éclat vernissé et policé des spectacles qui roulent sur le marbre de la perfection tels les vendredis soir de Maritie et Gilbert Carpentier, il y a sur la scène de ce Chez Michou proposé aux Amis par Françoise Courvoisier, une parfaite fidélité à l’imperfection des choses. À l’image du « brûlé » gourmand sur les gâteaux aux pommes, de la rose qui perd ses pétales avec grâce et l’odeur un peu forte d’un parfum qui nous laisse à penser que quelqu’un que l’on aime a passé par ici. Car l’imparfait existe aussi parmi les meilleurs. C’est ce qui fait qu’il y a des histoires plus belles que la vie… ou carrément plus dures ; pour chacun, chacune tout est une question de degré.

Au théâtre Les Amis, on retrouve l’idée du cabaret. Ces spectacles populaires du vendredi, d’un temps où la « téloche » n’avait pas pris tout pouvoir. Ici, on n’est pas venu voir des vedettes, juste des autres comme nous qui chantent et jouent des rêves. Car eux, ces artistes-là, ils sont nous avec plus de culots, plus de courage, plus d’audace. Sous les feux, ils possèdent l’aisance et les gestes, le public dans l’ombre partage les notes et les paroles. C’est tout le charme de ce spectacle.

Ainsi que le présente le film de Christophe Baratier « Faubourg 36 », où trois ouvriers de cabaret décident d’occuper un music-hall pour y monter un spectacle, aux Amis des relégués de la vie montent un projet de scène avec les moyens du bord. Une paumée issue de la déglingue (Bérangère Mastrangelo) se trouve ainsi projetée sur scène à l’improvisade comme chanteuse et meneuse de revue – avec d’autres pas plus reluisants – par un directeur artistique (Jef Saintmartin) qui ne vaut pas mieux. Ce royaume de la bricole et de la « démerde » devient un cabaret : « Chez Michou ». Du vintage à l’image de l’ancien « Palais Mascotte » des Pâquis. Un plaisir.

Passé la première histoire, qui n’a pas la verve de la seconde, le public est plongé dans l’univers de Michou. Du burlesque « chimiquement pur », de la drôlerie sans moquerie et du cliquant sans vulgarité. Les personnages du cabaret endossent les frêles silhouettes des icônes d’antan : Sylvie Vartan, Mireille Mathieu ou France Gall avec des formes qui révèlent le naufrage des vicissitudes de l’âge et leurs corollaires : rides en nombre, ventre en avant, jambes fatiguées et calvitie rutilante. À l’exception de Juliette Greco (Bastien Blanchard) une silhouette sylphide dans un fourreau noir : un jeu tout en sobriété, subtilité et nostalgie. Des comédiens et comédiennes qui couvrent deux générations s’en donnent à coeur joie et nous en offrent.

Ici, Lee Maddeford abandonne son costume sur mesure d’excellence pour porter en confection celui d’un pianiste de quartier tandis que les autres artistes en font de même sous leurs robes, perruques et maquillages. Alors, dans la salle, le public marmonne des notes pas toujours justes et des paroles parfois inexactes. Oui, la perfection n’est pas plus présente dans la salle – chacun étant capable de débuter « La Bohème » d’Aznavour, quant à la terminer… Mais le plaisir est authentique, le rire est heureux et le partage entre la salle et la scène complet.

Des touches de bleu montmartroises ; ballon et éventails ; la couleur fétiche du légendaire cabaret du 18e arrondissement de Paris ponctue çà et là ce spectacle au creux du souvenir, en hommage à la figure attachante que fut Michou. Cette « comédie musicale maison » comme l’évoque Françoise Courvoisier est un sincère moment de fête.
Il est grand temps de vous rendre à cette magnifique reprise.

 

 

NOTES DE MISE EN SCÈNE

Françoise Courvoisier, Octobre 2020

Je n’ai pas attendu la découverte de ce légendaire cabaret du 18e arrondissement de Paris pour être fascinée par le transformisme. Du Palais Mascotte à La Garçonnière à Genève, j’ai toujours eu un grand respect pour cet art très « à part », pas toujours estimé à sa juste valeur. Ce qui différencie les spectacles de « Chez Michou » des autres spectacles de cabarets, travestis ou pas, c’est le sens du burlesque.

En effet, alors que la plupart des numéros donnés ailleurs proposent des performances toujours plus abouties, recherchant notamment la perfection physique de leurs modèles, les artistes de Chez Michou ont dès le début choisi la distance et l’humour. Consciemment ou pas, je pense que c’est ce que les spectateurs, toujours plus nombreux, appréciaient particulièrement dans ce petit Cabaret de Montmartre, dont le fondateur et l’animateur au charisme inoxydable est décédé en janvier 2020.

J’ai eu la chance d’habiter ce magnifique quartier de Paris lorsque je jouais à la Manufacture des Abbesses, qui se trouve à deux pas de « Chez Michou », que je croisais d’ailleurs régulièrement.
J’aimais terminer certaines soirées dans son Cabaret, qui me rappelaient autant les peintures de Toulouse Lautrec que le cinéma d’Almodovar. Je m’y sentais étrangement en famille, sans doute grâce à la chaleur qui émanait de l’ensemble du personnel et des artistes.

Michou perpétuellement habillé de bleu, joyeux octogénaire assumant son homosexualité avec panache et bonne humeur, ouvrant le spectacle et souhaitant « une belle soirée ! » de sa voix inimitable, entouré d’une faune à la fois séduisante et décadente, atmosphère de charme ou de luxure, ambiance de polar noir ou de comédie à l’eau de rose, selon la clientèle et l’humeur… Mais finalement, plutôt bon enfant !

Comme on le sait, faire rire est encore plus compliqué que de susciter les larmes ! Ce qui m’intéresse dans l’interprétation d’un acteur, parce que je crois que c’est en cela qu’il peut gagner en présence, c’est ce frottement : une alternance entre engagement viscéral et juste distance, entre concentration et distraction, émotion et humour, assurance et fragilité, don de soi et retenue. Bien sûr l’artiste en scène doit « s’abandonner » mais également, savoir préserver une part de mystère…