14 JANVIER – 18 JANVIER 2023
De Michel Viala
Par la TAAC (Troupe des Amateurs et Amatrices de théâtre Carougeoise) : Jacques Blanc, Vanesa Dacuña Rodríguez,
Mireille Donnet, Alexandre Franklé, Daniel Mouchet, Loulou Morisod, Sindy Pisteur, Pierre Stamm, Maximilien Stern,
Catherine Vaucher, Natacha Viera et Zamila Yunus. Avec la participation du comédien professionnel Michel Rossy
Mise en scène Françoise Courvoisier. Lumière Rinaldo Del Boca. Son Nicolas Le Roy. Photos Daniel Calderon
Horaires
Lundi et mardi 20h • Mercredi, samedi 19h • Dimanche 17h
SYNOPSIS
Rendez-vous dans un centre de rencontres pour célébrer les fiançailles de deux de ses membres. Les invités, d’autres habitués du lieu, ont tous un point commun : la solitude. L’animatrice, Mme Armande, pratique la psychothérapie de groupe d’une manière très personnelle et les jeux qu’elle propose sont assez surprenants…
L’auteur romand Michel Viala (1933-2013) est souvent joué par des troupes amateurs d’ici et d’ailleurs, sans doute en raison de la profonde humanité de ses dialogues, plus vrais encore que la vie ! Le célèbre auteur romand respectait infiniment les comédiens non professionnels pour leur enthousiasme et leur plaisir brut de la scène. La TAC s’est produite pour la première fois en mai 2019, dans le cadre du « Printemps Carougeois », avec un spectacle inspiré des Brèves de comptoir de Jean-Michel Ribes et Jean-Marie Gourio.
Production Les Amis – Le Chariot
LA PRESSE
DES RENCONTRES ET DES COMÉDIEN·NE·S À LA TAAC
La Pépinière
Un grand bol de joie de vivre, de chansons et d’amour, c’est ce que nous proposent Les Amis musiquethéâtre avec ce magnifique spectacle musical Édith, ma sœur sur les débuts de la carrière de cette artiste unique. On en ressort plein d’énergie grâce à celle communicative des actrices, acteur et musiciens, au premier rang desquels l’éblouissante Christine Vouilloz qui signe une performance poignante sans chercher à imiter le monument.
La Troupe des Amateurs et Amatrices de théâtre Carougeoise (TAAC) se produit en ce moment aux Amis musiquethéâtre dans J’veux du bonheur, de Michel Viala. Une comédie d’apparence légère, par moments politiquement incorrecte, pour un grand moment de plaisir et de complicité, dans une mise en scène de Françoise Courvoisier.
Comme toujours aux Amis, la directrice des lieux accueille chaleureusement le public. Samedi 14 janvier, soir de première, on perçoit encore plus de ferveur, et pour cause : c’est une troupe amateure qui se produira durant les quatre soirées à venir. Une équipe de passionné·e·s qui présente son deuxième spectacle, après celui de 2019. Pour l’occasion, iels ont choisi J’veux du bonheur, une pièce de Michel Viala, grand admirateur des comédien·ne·s non professionnel·le·s, écrite en 1982. Le synopsis est le suivant : dans un centre de rencontres, deux membres organisent une soirée pour leurs fiançailles, à laquelle sont convié·e·s d’autres membres du centre. Qu’ont-iels en commun ? La solitude qui les ronge et de laquelle iels tentent de sortir en participant à des réunions dans ces lieux. Alors bien sûr, cette solitude et la jalousie induite par le bonheur des nouveaux fiancés vont créer quelques tensions et donner lieu à des situations plutôt cocasses !
Des personnages très typés pour une comédie politiquement incorrecte
Les invité·e·s sont au nombre de huit : quatre hommes et quatre femmes. Bien vite, on comprend pourquoi iels sont toujours célibataires, tant leurs caractères semblent compliqués. Il y a d’abord cet homme, grand, costaud, qui ne pense qu’à manger et draguer la bonne. Enfin, si l’on peut appeler cela « draguer », tant ses manières manquent de finesse… La caricature prend encore de l’ampleur quand on le compare à cette femme un peu hautaine, qui ne tombe jamais sur le partenaire qu’elle souhaite dans les tirages au sort. Au contraire, c’est son total opposé qui lui est à chaque fois attribué – un coup du destin ? – à savoir un homme aux blagues plus que douteuses et qui n’a d’yeux que pour la patronne des lieux… On évoquera encore cet ingénieur un peu dans son monde que toutes les femmes convoitent, ou ce pharmacien, spécialiste des taches et dont les connaissances seront fort utiles lorsque la femme douce et mielleuse verra du vin renversé sur sa robe. Celle-ci semble tout faire pour plaire, au risque de faire passer son propre plaisir au second plan. Enfin, il nous faut évoquer les deux autres représentantes de la gent féminine : une coiffeuse venue avec sa perruque, décrite comme une allumeuse par les autres et qui semble surtout portée sur les apparences. Quant à la dernière invitée, on pourrait la qualifier de mystique, elle qui est accompagnée de l’esprit de son père partout où elle va…
Bien sûr, les confrontations entre des personnages très caractéristiques donne lieu à des dialogues de sourds, imbroglios et autres situations aux effets comiques certains. Pour autant, iels parviennent aussi à faire alliance, surtout lorsqu’il s’agit de médire sur le couple de fiancés, dont on semble certain qu’iels se connaissaient avant d’arriver au centre de rencontre. Et quand on commence à évoquer leur différence d’âge, les mauvaises langues sont bien pendues… Au milieu de tout cela, la patronne tente de mettre un peu d’ordre et de donner un certain cadre à la petite fête, pas trop aidée par Anna, sa bonne, quelque peu insolente et qui sait jouer de ses charmes pour s’attirer les faveurs des invitées. Et quand Baptiste, l’extra engagé pour la soirée, s’en mêle, il n’en faut pas plus pour que l’ironie règne en maître dans les interactions entre les employés et leur patronne…
Le plaisir du jeu
Évidemment, dans une troupe amateure, tout n’est pas parfaite, entre quelques maladresses et petits oublis de texte. Mais qu’importe ? Au final, c’est aussi ce qui fait le charme de cette joyeuse bande. Car l’essentiel est ailleurs : on perçoit la complicité entre les comédien·ne·s, le plaisir d’être là et surtout, la façon qu’iels ont de s’amuser tout au long de la pièce. La plupart des personnages seraient détestables si on les rencontrait dans la vraie vie, mais c’est aussi ce qui fait qu’on apprécie tant J’veux du bonheur. Quelle joie – on l’imagine aisément – de jouer ce genre de personnages, bien loin de ce qu’on est au quotidien – du moins, on l’espère pour elles et eux ! Alors, c’est ce plaisir, cet amour du jeu que l’on retient avant tout. Mieux encore, on finit par être surpris·e par la subtilité qu’on n’attendait pas de ces personnages : une subtilité que l’on retrouve dans l’interprétation des comédien·ne·s, qui nous révèlent d’autres facettes des rôles qu’iels jouent.
Alors, quand la scène finale arrive et que tout part en cacahuète – bon courage à celles et ceux qui doivent nettoyer la scène après la représentation – on découvre, comme les personnages, de nouveaux liens qu’on n’aurait pas forcément attendu…
Fabien Imhof