1er – 11 FÉVRIER 2024
Spectacle musical
Avec Yvette Théraulaz, Frank Michaux, Lee Maddeford (piano et arrangements) et Christel Sautaux (accordéon)
Mise en scène Sophie Pasquet Racine. Dramaturgie et textes de liaison Sophie Pasquet Racine et Yvette Théraulaz
Regard extérieur David Deppierraz. Accessoires Denis Correvon. Lumière Jãnos Horvath. Costumes Tania D’Ambrogio
Horaires
Mardi, vendredi 20h • Mercredi, jeudi, samedi 19h • Dimanche 17h
Relâche lundi
Durée : 1h30
SYNOPSIS
Après l’immense succès de l’année dernière, une reprise s’imposait ! « D’un côté la flamboyance et la profondeur de la passionaria romande ; de l’autre, la facétie et le charme fou du petit prince des plateaux » écrit Marie-Pierre Genecand
(Le Temps).
Yvette Théraulaz a joué et chanté dans plus d’une centaine de spectacles, ici et ailleurs, et rien ne peut l’arrêter. Son amour pour la scène est inaltérable. Lorsqu’elle s’embarque avec Frank Michaux dans un hommage aux deux monstres de la chanson française, le pari est ambitieux… Et pourtant, mieux qu’une imitation, cette évocation de Brel et de Barbara enchante et envoûte. Bref, un spectacle à découvrir ou à revoir !
Coproduction Théâtre Les Terreaux / Cie Horizon / Les Amis – Le Chariot
LA PRESSE
BARBARA ET BREL MAGNIFIÉS AU THÉÂTRE DES AMIS
Le Temps, 5 avril 2023
Grâce à la complicité d’Yvette Théraulaz et de Frank Michaux, les deux monstres de la chanson française rayonnent de fraîcheur sur la scène carougeoise, après les Terreaux à Lausanne
Une soirée avec Yvette Théraulaz et Frank Michaux, c’est un plaisir redoublé. D’un côté, la flamboyance et la profondeur de la pasionaria romande qui, au fil des années, conserve toute son insolence et sa liberté. De l’autre, la facétie et le charme fou d’un petit prince des plateaux, dont chacune des apparitions enchante depuis sa première fois en Suisse dans Les Bas-Fonds de Gorki, en 2007, au Théatre des Osses à Givisiez.
Ce Parisien devenu Romand qui danse, chante et joue de l’accordéon, dit aussi bien les mots forts de Hugo dans Les Merveilles de Robert Bouvier que les saillies canailles d’un meneur de revue dans la comédie musicale Mistinguett . A propos de revue, le surdoué s’est justement illustré dans l’édition lausannoise de cet exercice satirique en décembre dernier. «Pour moi qui ne connaissais rien à la politique locale, j’ai découvert un monde», rigole-t-il après la représentation de Barbara & Brel, magnifique tour de chant et de textes que le public des Amis, à Carouge, a applaudi passionnément, mardi.
Ça ensommeille, puis ça s’ensoleille
Pourtant, rien d’évident dans le fait de reprendre les titres de ces icônes de la chanson. Yvette Théraulaz avait un coup d’avance, elle qui a déjà servi la grande dame brune avec flamme dans Ma Barbara en 2015, à la Comédie. «Oui mais je n’ai quasiment repris aucun des titres de cet hommage», glisse la comédienne à la sortie. C’est vrai, excepté deux incontournables, bien sûr: Le Mal de vivre et Ma plus belle histoire d’amour.
Mis en scène par Sophie Pasquet Racine, les deux interprètes ont la belle idée de dire staccato le texte implacable du Mal de vivre, cet état «qui vous ensommeille au creux des reins» et vous met «des larmes aux paupières, au jour qui meurt, au jour qui vient». Ils ne chantent que le moment où la joie de vivre fait son apparition. Alors du piano de Lee Maddeford qui signe les superbes arrangement du spectacle à l’accordéon très personnel de Christel Sautaux, en passant par les rires en cascades des deux espiègles, tout s’ensoleille sur la scène des Amis.
Beau, beau, beau et con à la fois
On a souvent cette impression de joie farceuse dans cette création. Frank Michaux explose de facétie dans La Chanson de Jacky, le fameux «beau, beau, beau et con à la fois» de Jacques Brel, comme il déborde d’énergie dans La Valse à mille temps, au moment où, sur un piano flamboyant, le jeune homme virevolte à donner le tournis. Mais le comédien est aussi capable d’être désarmant quand, assis au coin du tabouret, il chante presque sans ton le triste sort de celui qui aime La Fanette et se voit trompé sur «la plage qui mentait sous juillet».
Le duo est aussi très beau quand, yeux dans les yeux, les interprètes alternent les couplets de La Chanson des vieux amants et se retrouvent sur le refrain en s’enlaçant. Yvette et Frank sont alors sans âge et les frissons parcourent la salle. Mais les voilà à nouveau insolents lorsqu’ils chaussent gants et chapeau pour jouer les infidèles de Joyeux Noël, l’hommage de Barbara aux entorses à la conjugalité. Ils rient et font rire aussi dans Le Cheval, de Brel, touchent quand ils chantent «Fils de César ou fils de rien, tous les enfants sont comme les tiens». Lee Maddeford les rejoint et poursuit en anglais, ajoutant à l’universalité du propos.
Du plaisir fois quatre
Ce spectacle, passionnant 1 heure 40 durant, redonne toute sa place à la poésie et tout son élan à la profondeur des sentiments. Il rend aussi hommage ou plutôt adresse un clin d’œil aux deux icônes de la chanson française, immuables dans leur vibrante liberté et leur incroyable capacité à dire ce qui fâche, ce qui réjouit ou ce qui blesse. On ressort bouleversés face à tant d’humaine lucidité. Une soirée avec Yvette Théraulaz, Frank Michaux, Brel et Barbara, c’est un plaisir quatre fois renouvelé.
Marie-Pierre Genecand